A ce jour, seuls deux avions de ligne supersoniques ont jamais volés : le Concorde franco-britannique et son homologue russe, le Tupolev Tu-144. Le tupolev, créé à partir des plan volés du Concorde, sera le premier à voler, mais n'aura jamais le prestige du Concorde. Les deux avions furent un échec commercial (Cf Bilan historique), le monde n'était donc pas près, dans les années 1970, à entrer dans l'ère du transport supersonique; qu'en est-t-il aujourd'hui ?
Cet article est en grande partie tiré du site suivant : http://www.ifrance.com/aviaweb
1 - Le Concorde
Premier vol : 2 Mars 1969
Date de mise en service : 21 Janvier 1976
Exemplaires produits : 13
Envergure : 25,57 m
Longueur : 62,10 m
Hauteur : 11.40 m
Surface des ailes : 358,22 m²
Motorisation : 4 turboréacteurs Rolls-Royce/SNECMA Olympus 593 MK 610
Masse à vide : 78,70 tonnes
Masse max. au décollage : 185,07 tonnes
Vitesse maximale : Mach 2,2 ( 2 300 km/h )
Vitesse de croisière : Mach 2,02 ( 2 150 km/h )
Altitude de croisière : 18 000 m
Distance franchissable : 6 545 km
Nombre de passagers : 100 en première classe exclusivement.
Article :
L'idée d'un avion supersonique de ligne date des années 50 et a germée à la fois en France et en Grande-Bretagne. Devant les contraintes techniques, les deux pays ont coopéré à la réalisation du Concorde au travers de Sud-Aviation (devenue Aerospatiale) et BAC (British Aerospace Corporation), cet accord fut présenté aux gouvernements respectif le 25 octobre 1962. Une maquette grandeur nature est présentée à Bristol, dans les usines de la BAC , le 24 octobre 1963. Le 4 juin 1963, Pan Am annonce qu'elle est intéressée par l'avion supersonique. Du coup, le président Kennedy annonce le lendemain même que les Etats-Unis se lanceront dans un programme sur 6 ans pour le développement d'un avion supersonique. Pour lui, il faut que les Etats-Unis gardent le leadership qu'ils ont acquis dans le domaine aéronautique depuis la Deuxième Guerre Mondiale.
Durant les 5 premières années du projet, les britanniques appelaient l'avion le Concord et les français le Concorde. Chacun campait sur ses positions pour le nom définitif de l'avion. Ce ne fut qu'à l'exposition du prototype à Toulouse le 11 décembre 1967 que le Premier Ministre britannique annonça que l'avion s'appellerait bien Concorde.
Le premier point fixe du prototype avec ses moteurs se déroule le 4 février 1968 à Toulouse. Le 20 août, il fait ses premiers essais de roulement. Mais, coup de théâtre, le 31 décembre 1968 le Tu-144 décolle pour la première fois en URSS. Cet avion très semblable au Concorde et appelé de suite "Concordski" par les occidentaux: il a été construit à partir des plans subtilisés du supersonique franco-britannique. Le 2 mars 1969, le prototype français décolle pour la première fois, le 9 avril c'est au tour du prototype britannique. Le 1er octobre 1969, le Concorde passe pour la première fois le mur du son et le 5 novembre 1970, il franchit Mach 2.
Alors que le Concorde est désormais une réussite technique, les problèmes commerciaux vont commencer à apparaître bien que le concorde commence une tournée de démonstration à partir du 4 septembre 1971 sur tous les continents. Au début de l'année 1972, les compagnies américaines (Air Canada, American Airlines, Continental Airlines, TWA, United Airlines, Pan Am) annoncent les unes après les autres leur renoncement sur les options qu'elles avaient prisent sur le Concorde. Le 27 avril 1972, la Federal Aviation Administration (FAA) interdit le survol supersonique du territoire américain pour les avions civils. Cependant, la mise au point du supersonique continue et le 5 décembre 1975, il reçoit son certificat de navigabilité britannique.
Les premiers vols commerciaux ont lieu le 21 janvier 1976, par Air France sur Paris-Rio de Janeiro via Dakar et par British Airways sur Londres-Bahreïn.
Le 4 février 1976, le gouvernement américain autorise des vols de test vers Washington et New York pendant 12 mois à raison de 3 vols par jour pour chaque compagnie (Air France et British Airways). Mais le 25 mars 1976, les autorités aéroportuaires newyorkaises décident de ne pas accepter les Concorde sous la pression de riverains et d'écologistes. Débute alors un procès que Concorde va gagner: le 17 octobre 1977, la Cour Suprême juge illégale la décision de l'autorité aéroportuaire. Le 22 novembre 1977, deux Concorde se posent de nouveau sur l'aéroport JFK à New York et le 9 janvier 1979, l 'avion reçoit finalement le certificat de navigabilité de la FAA.
Cependan t, devant l'échec commercial de l'avion, le 21 septembre 1979 les gouvernements français et britannique décident de stopper la production du Concorde. 16 appareils avaient été construits, British Airways qui en possédait déjà 5 en racheta 2 et Air France qui en possédait 4 en racheta 3.
Devant les coups d'exploitation du Concorde, les lignes qu'il dessert sont fermées les unes après les autres: le 30 octobre 1980, British Airways ferme sa ligne Londres-Singapour, le 29 mars 1981, Air France ferme sa ligne vers Washington et vers Mexico, puis le 1er avril 1982, c'est au tour des lignes vers Rio de Janeiro et vers Caracas. Les seules lignes encore desservies sont Londres-New York par British Airways et Paris-New York par Air France. Ce dernier se fait en 3 heures 45 minutes quelque soit le sens, alors qu'un Boeing 747 met 7 heures 55 minutes dans le sens Paris-New York et 8 heures dans le sens New York-Paris. Le vol Paris-New York en Concorde ne représente qu'un volume de 56 500 passagers par an.
En définitive, le Concorde fut un échec commercial en raison des crises pétrolières et du refus de la FAA d'autoriser le survol du territoire américain à des vitesses supersoniques. Aujourd'hui, après le crash d'un Concorde à côté de Paris, l'avenir des Concorde est plus que jamais remis en question: les appareils vieillissent et ils ne sont mis en exploitation que pour des questions de prestige pour les deux compagnies qui l'exploite.
Les deux compagnies utilisant le supersonique, Air France et British Airways , décident en 2003 de cesser l'activité commerciale du "bel oiseau blanc". Le dernier vol New York - Paris a eu lieu le 31 mai. C'est à Toulouse que Concorde a vu le jour et qu'il a effectué son premier vol, c'est vers Toulouse que, le 27 juin 2003, "Fox Charlie", un des derniers exemplaires de la flotte Air France revient pour y être exposé dans le parc aéronautique.
2 - Le Tupolev Tu-144
Premier vol : 31 Décembre 1968
Date de mise en service : 1975
Exemplaires produits : 13
Envergure : 28,80 m
Longueur : 65,70 m
Surface des ailes : 438 m²
Motorisation : 4 turboréacteurs Kuznetsov NK-144 avec post-combustion
Masse à vide : 85 tonnes
Masse max. au décollage : 180 tonnes
Vitesse maximale : Mach 2.35 ( 2 800 km/h )
Distance franchissable : 6 500 km
Nombre de passagers : 140
Article :
Cet avion est le premier avion supersonique de transport civil à avoir volé. Il a devancé le Concorde franco-britannique de quelques mois. En apparence, il est assez semblable à son homologue occidental. Les uns diront que soumis aux mêmes contraintes, les solutions étaient forcément les mêmes. Les autres soutiendront que le Tu-144 s'est largement inspiré des plans du Concorde que les soviétiques avaient réussis à subtiliser. En tout cas, dès son apparition, il fut surnommé " Concordski " par les occidentaux. Dans les faits, les services secrets soviétiques avaient réussis à obtenir des documents révélant la forme de l'avion. Mais leur espion placé en France fut découvert et les services secrets s'en servirent pour faire de l'intoxication. Du coup, les soviétiques ne purent compter pleinement sur les plans du Concorde . Mais en connaissant la forme générale de l'avion, ils avaient déjà sauvé beaucoup de temps.
En définitive, des différences notables existent entre les deux avions. Tout d'abord l'aile du Tu-144 est optimisée pour le vol supersonique et ne l'est pas du tout pour le vol subsonique. Le concorde a une aile qui représente un compromis entre les deux, elle n'est vraiment optimale dans aucun des cas. Pour palier le manque d'efficacité de son aile en vitesse subsonique, le Tu- 144 a deux plans canard qui génèrent 20% de portance en plus. Ceux-ci sont placés derrière le cockpit et se replient en vol supersonique. L'autre grande différence entre les deux avions réside dans la motorisation. Alors que les moteurs du Concorde lui assure un vol à Mach 2 sans post-combustion, le Tu-144 ne pouvait maintenir cette vitesse qu'avec la post-combustion enclenchée, ce qui le rendait très gourmand en carburant.
Le premier vol du Tu-144 eut lieu le 31 décembre 1968. Il franchit pour la première fois le mur du son le 5 juin 1969 et Mach 2 le 26 mai 1970. L 'avion s'avéra d'emblée instable aux vitesses subsoniques et plus particulièrement à l'atterrissage. Ceci était dû à la forme delta de l'aile: les plans étaient basés sur l'ébauche du Concorde fournit par les services secrets et à l'époque, l'aile du Concorde n'était pas encore dans sa forme définitive. Les ingénieurs de Tupolev se remirent donc au travail et eurent l'idée des plans canard rétractables. L'avion fut enfin près pour le salon du Bourget de 1973.
Au cours de celui-ci les deux avions étaient présent et devaient faire une démonstration en vol le 3 juin 1973. Les autorités françaises ont réduit de moitié le temps imparti au Tu-144 pour son vol, voyant ainsi une manière de privilégier le Concorde . Le premier a voler fut l'avion franco-britannique. Comme dans l'espace aérien un mirage suivait les vols, le Concorde en fut averti et fini son vol sans problème. Le vol du Tu-144 suivit, tout de suite, le pilote fit grimper son avion de plus en plus haut, montrant ainsi la puissance de ses quatre réacteurs. Mais il ne fut pas averti de la présence du Mirage qui volait près de lui et prenait des photos du supersonique soviétique. Lorsque le pilote du Tupolev le vit, il effectua une manoeuvre d'évitement en abaissant son avion. Mais en agissant de la sorte, il priva les réacteurs d'air et ceux-ci calèrent. L'avion entra alors dans un piqué au cours duquel le pilote essaya de redémarrer ses réacteurs en profitant de l'afflux d'air. Mais le sol se rapprochait trop vite et lorsqu'il tira sur les commandes pour faire remonter l'avion, la force était trop importante et l'avion se désintégra.
Les soviétiques et les français se mirent d'accord pour ne pas dire la vérité: les français s'engagèrent à ne pas dirent de mal de l'avion et les soviétiques ne révélèrent pas que le Mirage volait trop près. La version officielle disait que le pilote avait surréagit devant la présence du Mirage, celui-ci étant en fait bien plus loin qu'il le croyait. Mais le mal était fait: l'opinion publique occidentale avait une mauvaise image du Tu-144 et les compagnies intéressées par un avion supersonique commencèrent à s'en méfier. Bientôt, le Concorde connut également des problèmes commerciaux car l'aviation civile était plus préoccupée par la consommation de carburant que par l'avancée technologique.
Alors que le Concorde pouvait être mis en service pour des gens fortunés, près à mettre le prix pour un voyage supersonique, le Tu-144 ne pouvait être utilisé de la sorte dans un pays communiste. En 1975 il inaugura une liaison Moscou-Alma Ata ( 3 000 Km ) réservée au courrier et à certaines marchandises. Le 1er novembre 1977, toujours sur la même ligne, il effectue son premier service avec passagers. Après 102 vols, un appareil s'écrase sur un vol sans passager le 1er juin 1978, l 'Aeroflot décide alors de le retirer du service.
En définitive, le Tu-144 était peut-être meilleur que le Concorde sur certains points (vitesse, nombre de passagers) mais sur d'autre il lui était inférieur (moteur, confort de la cabine: le Tu-144 était sujet au bruit et aux vibrations). Il ne connu pas plus le succès que son homologue occidental, certainement en grande partie en raison du crash du Bourget. Aujourd'hui 2 exemplaires volent encore, ils ont été transformés en laboratoires volant par la NASA pour étudier le design d'un avion supersonique de 300 places.
1967 |
11 décembre |
1968 |
31 décembre |
1969 |
2 mars |
1969 |
1 octobre |
1976 |
21 janvier |
1977 |
22 novembre |
2000 |
25 juillet |
2003 |
25 juin |
Fin de l'histoire des supersoniques civils...
